Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/16

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ambroix

Ici, s’il vous plaît ! (Il se lève pendant que madame Amhroix porte la table entre la porte du fond et la cheminée.) Je vais rouler mon fauteuil près de la fenêtre. (Il roule son fauteuil.) Là, un peu de soleil dans le café, voyez-vous, cela vaut toutes les eaux-de-vie du monde… C’est ce que Léopold appelait le gloria du bon Dieu !

madame ambroix, apportant le café sur le rebord de la fenêtre.

J’ai bien peur que le soleil soit un peu chaud pour votre tête, mon ami ; rien ne porte au cerveau comme le gloria de mars.

ambroix

Connu, beau masque ! cela vous ennuie de me savoir prés de la fenêtre. De ma place, en soulevant ce coin du rideau, je vous verrai entrer à l’église, et mon regard va gêner vos largesses aux mendiants de la grand’porte, n’est-ce pas ?… Rassurez-vous, je vous promets de fermer les yeux du côté de vos poches.

madame ambroix

En revanche, je vous promets de n’ouvrir mes poches que très peu.

ambroix, jetant un regard sur le panneau vide au-dessus de la table.

À propos, Gertrude, quand donc nous le renvcrra-t-on, le portrait de Léopold ?

madame ambroix, troublée.

Le portrait de Léopold ? C’est que…