Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/307

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margarot.

Hé ! mademoiselle, l’industrie a ses champs de bataille, elle aussi. Encore notre industrie à nous n’est-elle pas des plus meurtrières… mon établissement est très sain… J’ai de grands ateliers, un jardin immense, une installation tout à fait philanthropique… Du reste, mesdames, si vous voulez venir faire un petit tour de fabrique, en attendant Henri, vous pourrez vous convaincre vous-mêmes…

le père jourdeuil, à sa femme.

Je ne bouge pas d’ici, je te préviens.

madame jourdeuil.

Excusez-nous, monsieur, mais mon mari est toujours un peu souffrant, et je craindrais que le bruit des machines…

margarot.

Oh ! il n’y a personne en ce moment, tout le monde déjeune… C’est seulement pour vous montrer le coup d’œil des ateliers. Je suis sûr que cela intéresserait beaucoup M. Jourdeuil.

le père jourdeuil.

Oh ! pas du tout, monsieur… moi, tout ce qui est usine, machine… Tenez, rien que de regarder vos grandes cheminées de brique rouge, j’en ai tout de suite assez.

margarot, vexé.

Je suis très heureux, monsieur, que votre fils n’ait pas eu la même répulsion.