Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/311

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le père jourdeuil.

Si je fais de la peinture !… c’est trop fort… si je fais…

margarot.

Dam ! c’est la première fois ou à peu près que nous nous voyons, et jamais votre fils ne m’avait dit…

le père jourdeuil, amer.

Oui, oui, connu… (Solennel.) C’est moi qui suis Jourdeuil-le-Vieux, monsieur !… Jourdeuil-le-Vieux… (Plus doux) Qui croyez-vous donc que j’étais, mon ami !…

margarot, stupéfait.

Jourdeuil-le-Vieux !…

le père jourdeuil.

Oh ! je sais que la génération de maintenant affecte de ne pas me connaître…

margarot, à part.

Il est décidément très drôle…

le père jourdeuil.

Heureusement que, sans attendre le jugement de la postérité, j’ai pour me venger du dédain de mes compatriotes l’estime et l’amitié d’un grand peuple… Interrogez l’Amérique, monsieur, et vous saurez alors ce que vaut Jourdeuil-le-Vieux, l’auteur des Noces de Proserpine, du Centaure malade, de la Mort d’Adonis, de…

margarot, vivement.

Le Centaure malade ! mais je connais ça ! Hé ! Parbleu !… j’y suis, maintenant !…