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Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/349

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Mais à qui la faute ?… Voilà quinze ans que le père manque d’ici, précaïre ! et ce n’est pas Rose ni moi qui pouvions le remplacer. Une mère, un grand-père, ça a la main trop douce pour conduire les enfants. Puis, que veux-tu ? quand on n’en a qu’un, on est toujours plus faible. Et nous, c’est autant dire que nous n’avons que celui-là, puisque son frère… (Il montre l’Innocent.)

l’innocent, agitant le trousseau de clefs qu’il vient de faire reluire avec sa blouse.

Grand-père, vois tes clefs comme elles sont luisantes…

francet mamaï, le regardant d’un air ému.

Quatorze ans à la Chandeleur… Si ce n’est pas pour faire pitié !… Oui, oui, mon mignot.

balthazar, se levant subitement.

La connaissez-vous bien, au moins, cette fille d’Arles ? Savez-vous tout au juste qui vous prenez ?…

francet mamaï.

Oh ! pour ça…

balthazar, marchant de long en large.

C’est que, prends garde, dans ces grandes coquines de villes, ce n’est pas comme chez nous. Chez nous, tout le monde se connaît. On est au large, on se voit venir de loin ; tandis que là-bas…

francet mamaï.

Sois tranquille, j’ai pris mes précautions. Nous avons à Arles le frère de Rose…