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Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/388

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frédéri.

Est-ce que je ne le fais pas ? Est-ce moi qui vous parle de cette femme ? Est-ce que j’y suis jamais retourné ? Quelquefois… la rage d’amour me prend. Je me dis : « J’y vais… » je marche, je marche… jusqu’à ce que je voie monter les clochers de la ville. Jamais je ne suis allé plus loin.

balthazar.

Eh bien, alors, sois brave jusqu’au bout. Donne-moi les lettres.

frédéri.

Quelles lettres ?

balthazar.

Ces lettres épouvantables que tu lis nuit et jour et qui t’embrasent le sang au lieu de te dégoûter d’elle, de te calmer, comme le vieux croyait.

frédéri, après un silence.

Puisque tu sais tout, dis-moi le nom de cet homme, je te les rendrai.

balthazar.

À quoi cela te servira-t-il ?

frédéri.

C’est quelqu’un de la ville, n’est-ce pas ? quelqu’un de riche… Elle lui parle toujours de ses chevaux.

balthazar.

Possible.

frédéri.

Tu ne veux rien me dire ; alors, je les garde. Si