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Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/421

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marc, bas, aux valets.

Attendez, nous allons rire. (Il s’approche de la vieille, lui prend le bras doucement, et lui fait faire quelques pas vers le coin où Balthazar s’est blotti.) Et celui-là, mère Renaud, est-ce que vous le reconnaissez ?… Je crois qu’il est de votre temps.

mère renaud.

Bonté divine ! mais c’est… c’est Balthazar…

balthazar.

Dieu vous garde, Renaude ! (Il fait un pas vers elle.)

mère renaud.

Oh !… ô mon pauvre Balthazar !… (Ils se regardent un moment sans rien dire. — Tout le monde s’écarte respectueusement.)

marc, ricanant.

Hé ! hé ! les vieux tourtereaux !

rose, sévèrement.

Marc !

balthazar, à demi-voix, à la vieille.

C’est ma faute. Je savais que vous alliez venir. Je n’aurais pas dû rester là…

mère renaud.

Pourquoi ?… pour tenir notre serment ?… va ! ce n’est plus la peine. Dieu lui-même n’a pas voulu que nous mourions sans nous être revus, et c’est pour cela qu’il a mis de l’amour dans le cœur de ces deux enfants. Après tout, il nous devait bien ça pour nous récompenser de notre courage…