d’absence. J’annonce mon arrivée à son de trompe ; je grimpe sur la diligence, la diligence n’allant pas assez vite, je descends à trois lieues de la ferme. Je prends à travers champs, je franchis les fossés, j’enjambe les murs ; les paysans me jettent des pierres, les chiens aboient après moi ; je sue, je ruisselle, le cœur me bat. Enfin, j’arrive ; j’entre, la canne haute, les bras ouverts… Personne, ni ma tante, ni Suzon, ni Brèchemain, ni Guillaume, ni le chien, ni le cheval, personnel Ah ! si, un monsieur, qui me prend pour un voleur, et qui appelle la gendarmerie.
Monsieur le docteur n’a pas l’air satisfait de sa réception.
Savez-vous si la promenade sera longue, monsieur Léonard ?
Jusqu’au diner, je suppose, monsieur Eustache.
Je n’ai plus qu’à me revêtir de patience et à les attendre paisiblement dans un bon fauteuil. (Il s’assied.) C’est égal ! quoique mon entrée soit manquée, mais là bien manquée, je crois que je vais les embrasser de bon cœur ! Cette petite Suzon doit s’être faite si jolie !… N’est-ce pas, Léonard ?
Vous dites, monsieur Eustache ?