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Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/84

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nous jouions ici même ; nos belles promesses de l’autre année, quand tu es venue me voir là-bas, projets d’enfants, promesses plus sérieuses, l’absence n’a rien changé à tout cela ?

suzette

L’absence ne peut rien contre les affections sincères.

eustache

Pourtant nous avons à Aix un fameux proverbe sur les absents…

suzette

Méfie-toi des proverbes d’Aix, ce sont des gascons.

eustache

C’est vrai… (Un moment de silenee.) Suzette.

suzette, devant le piano.

Mon cousin ? (Embarrassée, rougissante, elle fait courir sa main sur le piano.)

eustache, tressautant.

Oli ! mon Dieu, qu’est-ce que cela ? (Il reste debout derrière elle, lui tenant la taille.)

suzette

Quoi ? mon piano ?

eustache

Tu appelles ça un piano, merci. (Il l’embrasse.) C’est clavecin que tu devrais dire, et encore épinette serait mieux, quoique ceci tienne plutôt de la mandoline ou de l’harmonica.