Page:Daudet - Un point d'histoire littéraire, paru dans L'Action française, 28-04-1931.djvu/5

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France juive, en deux volumes, sous les galeries de l’Odéon. Je questionnai les vendeurs de « Marpon et Flammarion », que je connaissais bien et comme étudiant, et comme bouquiniste. Ils me répondirent, en secouant la tête, qu’on ne vendait pas un seul exemplaire de ce livre compact, que j’avais dévoré, bien entendu, et qui m’avait enthousiasmé. Je rapportai ces tristes constatations, corroborées par celles d’Ebner, à mon père qui prit sa mine soucieuse et réfléchie, tout en écendrant sa pipette. Mais un matin, comme je l’ai écrit, il me tendit le Figaro : « Ça y est, Magnard a mangé le morceau. Maintenant, le livre est lancé. Ah ! je suis joliment content ! » Le lendemain, je pus me rendre compte de l’effet produit. Quand j’arrivai aux galeries de l’Odéon, la pile funeste avait disparu, et les vendeurs assuraient qu’ils ne suffisaient plus aux commandes. On connut bientôt que, chez Achille, qui d’ailleurs était Juif, je crois, le même résultat foudroyant avait été obtenu.

Plus tard, j’appris, par Francis Magnard en personne, qui m’avait pris en amitié (je fis chez lui mes débuts dans la carrière, et j’ai gardé à sa mémoire une