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Page:Daudet - Un point d'histoire littéraire, paru dans L'Action française, 28-04-1931.djvu/7

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C’est certainement l’article de Magnard qui, rompant le silence quant à la France juive, amena Arthur Meyer, directeur du Gaulois, rival du Figaro, à envoyer ses témoins à Drumont. Ce duel et la fameuse félonie de la main gauche – excusée par un président de tribunal, dès cette époque aux ordres du gouvernement – firent à Paris, – la grande plaque de résonance de l’univers – puis au dehors, un vacarme inouï ; le succès de la France juive s’en trouva décuplé. Les gens ne parlaient plus que de ça. Selon l’image de Byron, cent fois reprise à ce sujet, Drumont était entré « d’un bond dans la gloire ». Le déjeuner classique de ce duel historique, auquel j’assistais, eut lieu quinze jours plus tard, le blessé une fois rétabli, dans le petit pavillon du 157 bis[1], avenue de l’Université. Les deux témoins de Drumont, mon père et Albert Duruy, étaient là, bien entendu. On but au prochain bouquin, la Fin d’un monde, dont le plan était déjà prêt.

Tout cela est bel et bon. Mais lisez la Grande Peur des bien-pensants, et vous y admirerez l’arc de feu, de tonnerre et de lave, tendu, par notre magnanime Bernanos, de 1886 à 1931.

Léon DAUDET.
  1. Ce pavillon est situé le dernier, à droite, quand on entre au 157 bis. Il méritera une plaque commémorative.