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Page:Daveluy - À l'école des héros, 1931.djvu/120

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— Si tu ne prends pas ce petit cadeau, Kinaetenon, tu feras à mon cœur une blessure beaucoup plus dangereuse que celle que tu soignes à ma main et à mon bras, scanda sérieusement Charlot. Je puis être reconnaissant, tu sais.

— Que va dire ta sœur aux cheveux de soleil ? Elle ne m’en voudra pas ? Car c’est elle qui l’a donné à mon frère. Je le sais.

— Tes soins et ma guérison vaudront plus à ses yeux que cette bagatelle. Sois tranquille.

— Oh ! alors, fit l’Iroquois dont la figure s’éclaira d’une fugitive expression de bonheur, je le prends et ne m’en séparerai jamais, jamais. Charlot, ajouta-t-il, c’était là la condition que je n’osais t’apprendre, tout à l’heure. »

Durant quelques minutes, Kinaetenon caressa le manche, puis la fine lame du couteau ; finalement, il le passa dans sa ceinture avec un soin religieux.

« Et maintenant, à l’œuvre ! Kinaetenon. Dressons la tente, dit Charlot, mangeons, puis réparons le canot, et dormons… Demain, nous serons près, bien près d’Ossernenon. Si nous faisions avec plus de hâte la distance qui nous reste à parcourir, tu verrais peut-être la bourgade et les tiens quelques heures plus tôt que tu t’y attends ?… Pourquoi pas, hein, Kinaetenon ?

Je me sens fort, vois-tu, depuis que je mène cette vie de coureur de bois. Et si ce n’était du chagrin de Perrine… que je serais heureux !

— Oui, mon frère a fait là une chose que je n’aurais jamais eu la force d’accomplir ; aller vivre loin des plus beaux regards bleus que je connaisse.