Page:Daveluy - À l'école des héros, 1931.djvu/147

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esclave, ton esclave fuyard, mon frère ? Mais… dis-moi, Kinaetenon, est-ce vrai que le Père Jogues est en route pour Ossernenon, et que la famille de l’Ours l’en empêchera, fût-ce au prix d’un meurtre ?

— Comment sais-tu cela ? répondit en tressaillant Kinaetenon.

— Est-ce vrai, réponds ?

— C’est vrai.

— Kinaetenon, comprends-tu mieux maintenant que j’aie voulu fuir… pour cela aussi, cet espoir de rencontrer et de sauver un de mon pays et de ma race. Et lequel d’entre ceux des miens ? Un saint, un être tout de bonté, de douceur, de simplicité. Un élu de Dieu, de Dieu qui est notre grand Manitou à nous, Kinaetenon.

— Les capitaines Le Berger et Kiotsaeton vont tout faire pour sauver le Père… si on le ramène vivant ici. J’ai leur promesse.

— Si on le ramène vivant ?… Mon Dieu !… Kinaetenon, mon frère, je t’en supplie, partons, partons, dès demain, rendons-nous au lac du Saint-Sacrement, le grand lac ainsi nommé par ce bon Père, avant d’entrer en votre pays, tu le sais, nous l’avons admiré ensemble ?

— Je me souviens… Mais si le Père n’est pas là, s’il est prisonnier déjà ?

— Risquons cela, mon frère, risquons cela !

— Bien. Je vais en parler demain à mon oncle, et s’il…

— Demain et de grand matin, car il faut, il