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Page:Daveluy - À l'école des héros, 1931.djvu/16

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peut-être, au fond, se tenait la gracieuse femme blanche qui pouvait tout sur son cœur… Ah ! pauvre, pauvre Kinætenon. Impassible en apparence, un œil exercé aurait pu cependant voir la tête du sauvage se baisser de plus en plus sous l’amertume de ses réflexions.

Jean Amyot n’avait pas suivi ses compagnons. Il était demeuré debout, près de la fugitive. Il continuait de l’examiner avec attention. Enfin, il en détourna les yeux et se prit à rassurer Perrine et Marie de la Poterie. Il voyait les jeunes filles s’empresser avec tant d’inquiétude auprès de la femme sauvage. D’ailleurs, lentement, celle-ci revenait à la vie. Avec des mouvements légers et adroits, Marie de la Poterie n’en continua pas moins de baigner la figure de la fugitive et de ranger ses longs cheveux en désordre. Un beau front, large, haut, cuivré à souhait, apparut enfin.

« C’est là une Algonquine, vous l’avez deviné, n’est-ce pas, Perrine ? prononça presque à voix basse le compatissant Amyot. Une Algonquine, prisonnière des Iroquois… Un tel dénuement ne saurait avoir d’autre explication. Au prix de quels dangers, de quelles douleurs a-t-elle pu s’échapper d’entre les mains de ses ennemis et parvenir jusqu’ici ? Je frémis rien qu’à y songer.