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Page:Daveluy - À l'école des héros, 1931.djvu/53

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il la grandissait sans cesse de prouesses nouvelles, qu’elles fussent modestes ou éclatantes. Son peuple, d’ailleurs, entretenait avec fièvre, chez lui, ce sentiment de puissance, d’amour de la gloire.

Hé ! Piescaret, leur illustre capitaine, n’était-il pas, depuis un demi-siècle déjà, leur unique espoir de résurrection, leur incomparable héros victorieux de tous les Iroquois, en des rencontres vraiment exceptionnelles ? En les jours de Conseil, ne se trouvait-il pas, chaque fois, un jeune guerrier algonquin debout, pour rappeler et célébrer les triomphes nombreux de Piescaret ? Ne racontait-il pas, avec un enthousiasme délirant, par exemple, comment en une circonstance critique, se voyant poursuivi de près par tout un canton iroquois, « Piescaret avait tout à coup tourné ses raquettes bout pour bout, de sorte qu’il paraissait, à voir sa piste, marcher vers le sud, tandis qu’il se dirigeait au nord. Trompés par ce stratagème, les ennemis lui tournèrent le dos, croyant courir après lui. Il les suivit alors et assomma les traînards. Puis, Piescaret ne prenait-il pas les orignaux à la course ? Ne tenait-il pas tête en chaque bataille à plusieurs ennemis à la fois ? Et « un jour, surtout un jour, narrait-on encore, au milieu de cris et d’applaudissements assourdissants », se souvenait-on bien que, parti seul, tout à fait seul, « Piescaret était allé se cacher dans un village iroquois à plus de cinquante lieues des Trois-Rivières, sa demeure ordinaire. Le soir venu, il était sorti de sa cachette, avait pénétré dans une cabane et cassé la tête à une famille entière, puis s’était retiré dans une pile de bois de chauffage, non loin de là. Le soir suivant, il renouvelait cet exploit dans une autre cabane, n’oubliant pas plus que la première fois de lever les chevelures. Le troisième soir, bien entendu, tout le village fut sur ses gardes. Piescaret sortit quand même de sa cachette et réussit à fendre la tête d’un ennemi. Puis, il prenait la fuite, poursuivi par une bande furieuse de ses ennemis. Agile et dispos comme pas un, robuste, infatigable, il lassa ses ennemis après une journée de course. Il se glissa vers le soir dans le tronc d’un arbre creux. Il se trouva tout près de ses poursuivants, qui firent du feu, mangèrent, puis s’endormirent, désespérant vraiment de ne jamais atteindre Piescaret qui devait être, maintenant, loin, bien loin d’eux tous. Profitant de ce sommeil, le chef algonquin avait quitté l’arbre, s’était