Page:Daveluy - À l'école des héros, 1931.djvu/83

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« Bonne-maman Le Gardeur, dit Perrine, n’est-ce pas qu’il est attirant mon chéri ?

— Oui, petite.

— Comme il s’est montré d’une belle générosité, hier. Il a fait fi de sérieux dangers en séparant les combattants.

— S’il y avait mis un peu plus de mesure tout de même, Perrine. J’ai peur, va, j’ai peur que précisément cette générosité naturelle, exercée avec fougue, fasse toujours beaucoup souffrir ceux et celles qui l’aiment.

— Qu’importe, protesta Perrine en se redressant, voyez-vous, bonne-maman, beaucoup de fierté se mêle aujourd’hui à mon inquiétude. J’ai grondé le commandant, hier soir. Il juge les gestes spontanés de mon Charlot toujours si sévèrement. Il le peine vivement, parfois. Je le sais.

— Cela lui est salutaire. Charlot doit devenir un soldat aussi prudent qu’audacieux. Dans ce pays, tu le sais bien, c’est un luxe condamnable que les beaux gestes inutiles… Le ménagement des forces physiques, leur bonne utilisation sont une stricte obligation pour nos colons.

— Mais à son âge, bonne-maman, reprit pensivement Perrine, peut-être est-ce nécessaire d’aller ainsi au delà du devoir… héroïquement, aveuglément ! Un élan calculé,