Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/162

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je le répète, une joie extrême ces voyageurs accourus de si loin.

Le Père Ragueneau n’avait pas tout de suite reconnu Charlot, en le mince et fier soldat qui s’inclinait avec grâce devant lui, un sourire sous sa fine moustache à peine dessinée. Mais aux quelques mots du jeune homme qui rappelait un plaisant souvenir d’enfance bien connu du Père, il s’écria : « Charlot ! Vous ! Oh ! la belle et agréable surprise ! Moi, qui vous croyais encore entre les mains des féroces Agniers… Vous me narrerez avec soin tous les détails de votre délivrance, n’est-ce pas, mon enfant ? Mais auparavant, venez vous restaurer, venez. Je ne vous offre pas un festin de Balthazar, mais qu’importe, vous n’en mangerez pas moins de bon cœur ».

Le lendemain, il fallut pour Charlot reprendre et reprendre encore le récit de son existence chez les Agniers. Tout près d’une vingtaine de Français accouraient, ou d’un poste, ou d’un autre. L’on espérait quelques lettres, puis l’ambiance chaleureuse, agréable, stimulante de la Maison de Sainte-Marie exerçait sur tous son action. On prolongeait la visite de plusieurs heures, et Charlot, que le Père Ragueneau tenait à présenter à tous, excitait l’intérêt général.

Pauvre Charlot ! Qu’il aurait voulu, au lieu