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Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/175

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Nous avons été trop heureux durant les jours clairs et chauds de mai. En mars et en avril, nous nous étions séparés. Jean était parti des Trois-Rivières pour Québec, le 23 mars, si je me le rappelle bien. En tout cas, il arrivait à Québec le 27 en compagnie de trois Hurons qui lui étaient dévoués jusqu’à la mort, à chaque occasion nouvelle. Sais-tu qu’ils ont pu faire du canot jusqu’au Cap Rouge ? Mais Jean était coutumier de ces prouesses, au départ des premières glaces sur le Saint-Laurent…

Et comme il se couvrit de gloire à son dernier voyage à Québec !… Avec sa bonne humeur habituelle, et pour un peu distraire les quelques Hurons de Québec et de Sillery, Jean ne les provoqua-t-il pas tous à la course, soit avec des raquettes aux pieds, soit sans raquettes. Tu connais nos Hurons, et la bonne opinion qu’ils ont de leur mérite. Ils s’empressèrent d’entrer en lice avec Jean. Oh ! leur profond dépit de se voir vaincus les uns après les autres. Dépit de courte durée vis-à-vis de l’aimable gaieté de Jean. Elle eut le don de ramener le sourire sur les fronts, même des plus récalcitrants, ceux des vaniteux par exemple…

Mais si Jean était ainsi descendu à Québec c’était pour obtenir congé de monsieur le Gouverneur de mener une escouade de Français contre les Iroquois… Toujours brave et