Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/18

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— Jean n’est pas parti, ni Marie, eux comme moi, nous décidons de ne pas nous éloigner sans vous. Marie-Madeleine, oh ! là, là, nous en ferait voir de belles si nous nous avisions de quitter les Trois-Rivières sans vous.

— Je ne puis pas, je ne puis pas…

— Comment Perrine, fit soudain derrière moi la bonne grosse voix du Commandant La Poterie, tu ne rends pas les armes devant un si beau cavalier. Ah ! ah ! ah ! Quel air piteux prend notre vaillant interprète. Ah ! Ah ! Ah !

— Commandant, repris-je en passant gentiment mon bras sous le sien, laissez-moi passer la journée près de vous, remplacer un peu votre Marie si dévouée.

— Tut, tut, tut, tu ne feras rien de cela. Va t’habiller, va, ma petite fille, tu te feras belle, c’est moi qui le désire, moi qui le commande, tu entends, qui le commande, finit-il presque sévèrement.

— Vous me traitez comme un soldat, oh ! commandant, comment pouvez-vous ?

— Mes soldats n’oseraient pas raisonner comme toi ou je les clouerais quelque part, je t’assure.

— J’obéis, commandant, mais ne me regardez plus avec ces yeux sévères, il me semble alors que vous n’avez plus d’affection pour moi.

— Petite folle, sourit La Poterie, malgré lui. Ne t’emplis pas la tête de chimères. Va, va,