Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/22

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si fameuses. Les Pères sont heureux qu’il soit parti pour la guerre à ce petit printemps, bien en règle avec Dieu. Il eut, d’ailleurs, le pressentiment de sa fin prochaine. Écoute ce qu’il dit aux Pères en prenant congé d’eux : « Il me semble que je m’en vay à la mort, je sens je ne scay quoy qui me dit : les Hiroquois te feront mourir ; mais ma consolation est, que je suis réconcilié à l’Église et que j’iray au ciel après ma mort ».[1]

Tu peux te figurer le désespoir de nos bons Algonquins des Trois-Rivières à la nouvelle. Leurs cris d’abord firent mal à entendre.

Ils niaient comme nous, et tous, tous. Puis, lorsque l’un d’entre eux, parti à la recherche de la dépouille, la rapporta, lorsqu’on vit sa tête scalpée, ses reins transpercés d’outre en outre, par une épée, dont la garde se voyait encore dans le dos, preuve de la trahison dont il avait été victime, les pleurs et les lamentations éclatèrent. Et ce fut, mon frère, sur un ton si sourd quoique fort, et si lugubre, et cela pendant des jours et des jours, que nous en étions tous énervés au Fort, et ailleurs. Seul le Commandant put y mettre fin, en se transportant avec quelques soldats au milieu de leurs cabanes, et en rendant hommages avec pompe, bruit de fusillade, et roulements des tambours au célèbre défunt.

(À suivre)des tamboursMarie-Claire Daveluy
  1. Voir Les Relations des Jésuites, v. 2, année 1647.