Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/35

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dernière victoire qui décide. Et celle-là, Dieu seul sait encore qui la remportera… Si c’était nous le vainqueur, à qui aurait servi la supériorité des tiens que tu me vantes…

— Mon frère prononce trop de mots, je ne le comprends plus.

— Bien, bien, Kiné, je me tais…

— Que mon frère me raconte plutôt ce que lui a écrit sa sœur… Il me l’a promis.

— C’est vrai. Eh bien, voilà…

Et Charlot narra, avec une certaine raideur dans la voix qui déguisait mal son émotion, tout le contenu de la missive de Perrine. Il s’attardait sur les derniers mots, lorsque tout à coup des cris, des hurlements, des volées de coups s’entendaient de nouveau. Tout ce bruit, assez loin, approchait néanmoins du campement des Agniers.

— Qu’est-ce encore ? s’exclama Charlot. On ne vit plus ici depuis un mois.

— Que mon frère m’attende. Je vais voir ce qui se passe là-bas » dit l’Iroquois en se levant.

Mais Kinaetenon parti. Charlot, tout doucement, souleva un coin de la tente du côté de la forêt. Il aperçut alors l’un de ces spectacles qui l’horrifiaient et surtout qui l’indignaient de plus en plus : l’arrivée de prisonniers hurons et algonquins.

Les mauvais traitements allaient leur train. Le sang coulait. Quelques-unes des victimes tombaient sous la force des coups de bâtons.