Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/53

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nouveau nom.

— Celui que je porte ne plaît pas à mon frère blanc.

— Pas du tout.

— Quel dommage !

— Pourquoi ?

— Parce qu’il me fut donné un soir par un vieillard algonquin très bon chez qui je me réfugiais souvent pour éviter les coups de ma belle-mère.

— Ta vie était bien triste ?

— Presque autant qu’ici. Mais ma belle-mère est morte quelques mois plus tard, et mon père s’est remarié avec une bien bonne femme cette fois. Ce qu’elle doit pleurer, en ce moment, me sachant captive et rudement traitée !

— Elle ne se doute pas que je veille sur toi. Elle en serait contente n’est-ce pas ?

— Oh ! oui, mais pas autant que moi, » avait doucement répliqué la jeune fille en baissant la tête… Puis, la relevant presque aussitôt, elle avait interrogé Charlot : « Mon frère trouve que je ressemble à cette fleur ? Oui ? Il se trompe. Je ne suis pas belle du tout moi, ainsi que me le disait ma maîtresse, encore hier.

— Supposons que ma sœur ne l’est pas, en effet, reprit Charlot, un peu ému. Mais en outre de la beauté qu’elle se refuse, mon amie algonquine possède combien de points de ressemblance avec ce lis velouté. Elle est pâle, mince, longue et aime comme lui à fleurir et vivre solitaire, un peu hautaine même…