Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/60

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mourir.

— Vraiment ? Narrez-moi vite, alors, ce qui vous a fait un tel mal. Quelle pâleur il y a sur votre front !… Et autour de votre bouche, si tendue parfois, s’est glissée une amertume bien pénible à constater. Ma pauvre petite !

— Oh ! tout cela sera bientôt dit… Mon frère sait que chaque soir, à l’heure où mes maîtres mangent, je dois apparaître à la porte pour lui dire bonsoir ?

— Si je le sais ? Lis-en-Fleur, je ne vis plus depuis ces trois semaines où vous avez cessé d’agir ainsi… »

Et Charlot soudain se mit à rougir et à rire. Sa fougue, toute française, lui jouait parfois ce tour de le faire penser tout haut. Cependant l’Algonquine l’avait remercié d’un regard reconnaissant, bien candide. Il respira. Non, cette enfant des bois ne se doutait pas de la force et de la profondeur, déjà, du sentiment qu’il avait pour elle.

— Le dernier soir que mon frère me vit, lorsque je voulus entrer, je m’aperçus que mon pied droit se prenait dans un piège, habilement placé sous mes pas, au seuil de la tente. Je ne criai point, quoique cela me fit mal jusqu’au cœur. J’entrai, traînant