Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/66

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près de l’enfant. Il l’examina ! Hélas ! cela était plus que certain, le petit, se mourait. À tout instant l’âme emprisonnée dans ce frêle organisme s’envolerait. Près de Dieu ? « Il faut le baptiser, oui, au moins », se dit Charlot. Je ne puis rien pour sauver ce corps qui agonise, mais que l’âme au moins, par mes soins, pénètre dans le Royaume des Cieux, qui ressemble, a dit le Maître, aux cœurs des tout petits ».

Il prit un peu de l’eau restée au fond du pot de terre, la versa sur le front du petit en prononçant les paroles sacramentelles.

Une nouvelle convulsion raidit le bébé. Elle fut courte. Mais, sitôt disparue, l’enfant ouvrit tout grands les yeux, geignit un peu, puis exhala doucement un long et dernier soupir.

Charlot se retourna. « Lis-en-Fleur, venez ici, je voue prie. Le pouvez-vous seule ? »

Son front n’avait rien perdu de sa sévérité. Sa voix, lente, grave n’avait certes pas sa douceur habituelle. Jamais il n’avait ainsi parlé à la jeune fille.

L’Algonquine s’approcha en boitant. Ses yeux restaient baissés. Elle repoussa Charlot qui voulait l’aider.

— Lis-en-Fleur, dit alors Charlot, le pauvre petit enfant confié à votre garde vient d’expirer… » La jeune fille ne fit pas un mouvement. Seulement, Charlot vit deux grosses larmes jaillir soudain des yeux de l’Algonquine.