Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/81

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— Nous ne t’avons rien fait, Kinaetenon, tu mens, tu mens.

— Et le mal que vous avez fait à celui-ci, qu’est-ce ?

— Que faisait-il sous notre tente ?… Nous ne pouvons le souffrir, ma femme, et moi, il le sait bien.

— Que viens-tu faire toi-même, alors ici ? Je ne t’aime pas plus que tu m’aimes. Va-t’en, sors d’ici… Va-t-en, va-t-en, entends-tu ?

— Je veux ramener l’Algonquine. Elle est ici. Ma femme la réclame. Elle expiera son crime dès demain. Le feu dévorera ce corps sans âme… qui laisse mourir un petit enfant, faute de soins. Où est l’Algonquine, Kinaetenon ? Dis-le ou malheur t’arrivera, à toi et à ton protégé, que ma femme saura bien châtier, lui aussi, quelque jour, par la mort. Où est l’Algonquine ? rugit pour la troisième fois le sauvage en levant le poing.

Charlot se mit à gémir. Puis, il se dressa soudain sur son séant, criant, délirant, fou de terreur : « Kiné, la mégère, elle revient… son couteau… sur moi,… oh ! mon Dieu…, Lis-en-Fleur s’approche… Kiné… Kiné… sauve-la… » Puis, le pauvre Charlot, retomba, se raidit, et devint de nouveau inconscient, indifférent à toutes ces horreurs.