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Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/94

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II

LA FUITE

(Suite)

Mais la fatigue fut plus forte que la vigilance. L’Algonquine dormit plusieurs heures sans même bouger. Lorsque, enfin, elle sortit de ce sommeil de plomb, elle eut la violente surprise d’apercevoir Charlot assis, pensif, à quelques pas d’elle. Elle crut rêver.

« Mon frère, demanda-t-elle avec crainte, en se dressant sur son séant, mon frère, c’est bien lui que je vois là… Et guéri ? »

Charlot tressaillit, se secoua, puis se rapprocha, avec un peu de peine. On le sentait raidi, fortement courbaturé, et sans beaucoup de forces, mais son énergie, sa vaillance, allaient, une fois de plus, commander à ses défaillances.

— Bonjour, Lis-en-Fleur ! fit-il, en souriant, et en lui tendant les deux mains pour l’aider à se relever. Mais l’Algonquine ne put réussir à se mettre son pied malade par terre. Elle retomba en gémissant sur sa couverture de laine.

— Pauvre petite ! murmura Charlot. C’est moi qui suis la cause de cette aggravation de votre mal. N’avez-vous pas dû me traîner seule jusqu’ici ?

— Qu’allons-nous faire ? reprit à voix basse la jeune fille. Les Iroquois nous rattraperont vite si nous ne mettons pas ce grand lac entre