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mes onze ans, (il se redresse fièrement) un conte de belles, de surprenantes aventures. Et maman n’en dira rien, allez. Nous refuse-t-on quelque chose durant les vacances du premier de l’an ?

Tous les enfants battent des mains. L’argument est sans réplique. Ce Guy sera un jour un brillant avocat !

« Tante Élise, tante Élise, crie-t-on de nouveau, il nous faut, ce soir, la vision des fées, des génies, des féroces géants… »

Un grand silence se fait. On s’aperçoit que tante Élise, docile, s’est recueillie.

Et bientôt, elle raconte ce qui suit :

Il y avait une fois, enfants, un petit village bâti dans une forêt si sombre, si longue, si mystérieuse qu’on la croyait enchantée ou habitée par quelque démon. Dans ce petit village, on voyait passer chaque jour sur la place de l’église, un vieux curé aux cheveux de neige, une ménagère larmoyante, toute « tassée » par l’âge, un bedeau hargneux, et un gamin de onze ans, surnommé par tous Damien-sans-peur. C’est là mon petit héros. Retenez bien son nom. Jamais on n’avait vu rien de plus brave que cet enfant, jamais, petits, jamais. Coucher à l’obscurité, affronter un orage, passer à minuit par le cimetière, tenir tête au bedeau devant qui tous tremblaient, même le curé tout cela lui semblait fort égal. Il paraissait même si provocant, parfois, que le bedeau, jaloux, en serrait les poings de rage. « Je te revaudrai cela un jour », petit drôle, grimaçait-il. Je saurai te faire trembler comme tout le monde » ! Mais le curé veillait. Et, comme par miracle, il surgissait toujours lorsqu’une querelle s’élevait entre Damien et le bedeau.

À part cette bravoure sans égale, Damien avait un tendre amour pour la chère Mère de Jésus. Il baisait sa médaille matin et soir. Il avait promis à sa mère mourante, voyez-vous, de ne jamais manquer à cette