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« — Tante Élise, nous ne voulons plus jouer. Il nous faut un conte ! » dit le petit Jacques.

— Une histoire, une longue, longue histoire, tante Élise, reprennent en chœur bambins et bambines qui accourent, délaissant leur petit chemin de fer mécanique.

Tante Élise hoche la tête en souriant, il se fait tard. L’heure du repos va sonner. L’énorme bûche qui flambe dans la cheminée dessine des formes fantastiques sur les murs noyés d’ombre. Tout à l’heure, cela faisait bien un peu rêver tante Élise toutes ces petites têtes qu’elle voyait se dresser là, encadrées de lances et de piques… puis ce chariot, vite effondré sous mille éclairs…, ce gros chat pelotonné, candide et heureux…, ces lutins grimaçant et dansant… ah ! quel écran merveilleux créait la fantaisie du vieux sapin qui, lentement, se consumait.

« Mes petits, remarque tante Élise, en se secouant un peu, vous ne vous lassez donc pas des récits sur lesquels ma pauvre imagination brode, brode sans fin,… ou tout haut, ou tout bas ! » Et sous les bandeaux d’argent, les yeux fins et gais de la vieille demoiselle ont un éclair. Ils enveloppent de tendresse tout ce petit monde qui se presse, déjà attentif, autour de son fauteuil.

« Et puis, continue doucement tante Élise, que diront vos mamans ? Elles me recommandent sans cesse de vous narrer de préférence quelque page de notre histoire.

— C’est vrai cela, répond le sérieux Guy, le savant du groupe enfantin ; mais voyez-vous, tante Élise, ce soir, je désire tout comme Jacques, malgré