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Page:Daveluy - La Lutte pour l'Empire de la mer.pdf/26

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S’il subsistait un doute à ce sujet, la remarque suivante paraît de nature à le dissiper. Il importait peu d’être vainqueur ici ou là ; le résultat était le même partout et la force victorieuse, maîtresse de la mer, pouvait se transporter n’importe où. En cas de défaite, Vladivostok offrait plus de sécurité et était beaucoup plus difficile à bloquer.

C’est donc Vladivostok qu’il fallait choisir comme base d’opérations.

On choisit Port-Arthur, et c’est alors que se révéla dans les conceptions stratégiques de la Russie une singulière méconnaissance du rôle que sont appelées à jouer les bases d’opérations.

Non seulement la mise en état de défense de la place avait été négligée, mais on avait mal compris la façon dont cette défense devait être organisée.

Lorsque se trouve, dans le voisinage d’une place forte, une position stratégique qui peut prendre de l’importance entre les mains de l’ennemi, il est indispensable de la fortifier pour en interdire l’accès ; on doit la considérer comme faisant partie du système défensif de la place elle-même dont elle constitue un contrefort avancé. Cette règle, qui ne souffre aucune discussion en matière de défense terrestre, doit également s’appliquer sur mer. Ce fut donc une grave erreur, de la part des Russes, de n’avoir rien fait pour empêcher l’amiral Togo de s’établir aux îles Elliot. La protection de cette rade s’imposait comme le complément indispensable de celle de Port-Arthur.