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Page:Daveluy - La Lutte pour l'Empire de la mer.pdf/56

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actuelles. Tout lui faisait une nécessité de s’engager à fond et immédiatement. Cette escadre est depuis le début de la guerre l’unique objectif de la flotte nippone : la laisser s’échapper serait vraiment une faute impardonnable. Avec l’enthousiasme qui règne dans les équipages, la victoire est certaine ; il n’y a pas d’exemple qu’une force animée d’un pareil esprit ait jamais été vaincue. D’un autre côté, la cinquième escadre[1], qui possède une artillerie respectable, s’efforce d’arriver sur le champ de bataille ; mais, composée de vieilles unités, elle marche lentement et n’arrive pas à se rapprocher ; pour lui permettre d’entrer en ligne, il faut arrêter l’ennemi et elle contribuera alors à achever la victoire. Enfin, la grande quantité de torpilleurs dont disposait l’amiral Togo lui faisait un devoir, non seulement de vaincre, mais d’anéantir cette escadre russe. Pour cela, il fallait profiter des quelques heures de jour qui restaient pour détruire toute l’artillerie légère et moyenne de l’ennemi, pour causer à ses bâtiments des avaries sérieuses, de manière qu’ils ne puissent plus ni fuir ni manœuvrer. Des attaques de torpilleurs exécutées dans ces conditions devaient fournir des résultats éclatants, si les torpilleurs consentaient à s’approcher à distance de lancement.

Et qu’on ne dise pas que l’amiral Togo ne devait pas s’engager et était obligé de ménager son matériel sous le prétexte que, derrière l’escadre qu’il avait en face de soi, il y en avait une autre en Europe qu’il devait se garder prêt à recevoir. Un pareil raisonnement n’est

  1. Chin-yen, Itsukushima, Matsushima, Hashidaté. La sixième escadre (Akashi, Suma, Idzumi, Akitsusu), composée de bâtiments légers, se tint délibérement hors de portée de l’artillerie.