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Page:Daveluy - La Lutte pour l'Empire de la mer.pdf/75

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maniable de sa volonté. Quelles que soient les dispositions qu’il adoptera, il n’en restera pas moins enfermé dans le dilemme suivant : ou bien il placera chaque catégorie de croiseurs à une distance de l’ennemi d’autant plus grande que leur vulnérabilité est elle-même plus grande, et dans ce cas, leur artillerie (qui est d’autant plus faible que leur protection est moindre) perd toute efficacité ; ou bien il placera ses croiseurs sur la même ligne que ses cuirassés, et alors il les exposera à des coups mortels[1]. Dans aucun cas, il ne disposera d’une puissance équivalente à celle que lui eût donné un nombre de bâtiments moindre, mais d’un même type.

On peut entrevoir une troisième solution qui consisterait à opposer chaque catégorie de bâtiments à la catégorie similaire de l’ennemi ; mais cette forme méthodique de combat est subordonnée au consentement de l’ennemi dont les forces peuvent avoir une composition très différente. Elle est donc du domaine de la théorie spéculative.

La pratique, c’est le combat du 10 août. Voyons donc le spectacle qu’il nous a offert.

La composition des forces en présence était la suivante :

Du côté des Russes, une ligne de six cuirassés et de

  1. Il est admis que la distance de combat d’un bâtiment doit être d’autant plus grande que sa protection est plus faible. C’est fort bien conçu au point de vue de la défensive ; mais, comme la puissance des projectiles décroît très rapidement à mesure que la distance augmente, le calibre des pièces doit croître avec la distance, et, par conséquent, être d’autant plus fort que la protection est moindre.
    Donner à un bâtiment faiblement protégé une artillerie de faible calibre, revient à lui enlever toute valeur militaire si on le fait combattre de loin. C’est l’évidence même.