Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/151

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— Tu ne peux te passer de ce Huron, Charlot ? Dis-le-moi ?… De grâce… Dis-le, dis-le ?

Charlot s’était levé, et arpentait en silence la pièce, les yeux à terre, le front barré d’un pli. Il ne pouvait tout de suite répondre à sa sœur. Il se sentait perplexe, mécontent, un peu ahuri aussi. Qui lui aurait dit qu’une scène pareille l’attendait au soir si désiré de l’arrivée de Perrine. Le silence dans la maison était parfait. Les enfants dormaient, Manette, sans doute aussi à leurs côtés. La servante huronne couchait, pour ce premier soir, dans le hangar près de la maison. Son père s’y était installé depuis quelques jours, et s’y déclarait très confortable.

Perrine regardait son frère avec anxiété. Jamais elle n’aurait cru lui causer une telle déception en parlant du renvoi des Hurons. Mais elle se rendait à l’évidence. La fidélité, les bons services du Huron l’avaient rendu vraiment indispensable. Que faire alors ? Jamais elle ne se résoudrait, de son côté, à vivre auprès de cette fille qui lui avait fait, et pourrait encore lui faire tant de mal, et de mal irréparable tôt ou tard.

— Charlot, dit-elle, la voix tremblante, je