Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/172

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— Hein !

— Pauvre ami, tu ignores tout ce qu’une correspondance comme celle d’André et de la mienne peut faire de lumières sur deux natures.

— Enfin, dit Charlot, un peu vexé, si vous aimez ces absences intempestives et un peu extraordinaires pour des mariés de quelques mois…

— Je les déplore comme toi, mon frère. Mais nous n’y pouvons rien. André, en ce moment, est blessé de mon manque de confiance, et moi je suis troublée… oh combien… mon frère, de cette scène que je ne sais comment… enfin… qu’y a-t-il de vrai dans l’attitude embarrassée, puis silencieuse d’André ?

— Serais-tu jalouse, ma sœur ? demanda vivement Charlot. Et ses yeux se fixèrent avec attention sur sa sœur. Il la vit tressaillir.

— Charlot, de grâce, ne sois pas aussi brusque. Ne juge pas trop tôt… Je me comprends à peine moi-même…

— Alors ?

— Je ne sais que penser… reprit Perrine en se levant, en proie à une agitation très rare chez elle, comment t’expliquer ce qui se passe, en mon cœur bouleversé… Je souffre… Oh ! cette Huronne… jamais, mon frère, jamais, je ne veux la revoir sous le même toit que nous… André l’a compris. Il a saisi cette occasion de fuir la scène pénible qui venait…

— Ma pauvre Perrine ! Tu ne vois donc pas que tu es en passe de devenir… une femme qui aime, parbleu !… Ma sœur, cesse de fuir la lu-