Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/20

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de la vaste maison étaient à leur disposition, et Perrine s’était retrouvée un soir en la chambre où elle avait reçu le dernier soupir de l’aïeule tant aimée, protectrice incomparable de l’enfance et de la jeunesse de Perrine et de Charlot, Madame Catherine de Cordé.

Les souvenirs qui étreignirent soudain le cœur de la jeune fille la firent se redresser dans son lit, les yeux grands ouverts. Le sommeil fuyait loin de ses paupières. Elle se leva, s’habilla sommairement, puis alla s’asseoir près de la fenêtre où montait la lointaine rumeur du Saint-Laurent. La nuit était claire. Que d’étoiles brillaient en la large étendue de firmament qu’elle avait devant elle. Là-haut, Madame de Cordé voyait-elle l’orpheline, en le cadre ancien qui avait été le sien aussi ? Pouvait-elle lire jusqu’au fond de ce cœur que l’angoisse d’une décision faisait battre si douloureusement, parfois ? Oh ! si sa vieille et aimante protectrice eût été là, près d’elle, avec quelle joie, elle eût parlé, versant son secret étouffant ; puis acceptant de suivre les conseils de cette bouche si tendre et si sincère. La décision que tous attendaient d’elle, qu’il était difficile de la prendre sans qu’une confidence intime, où tout son cœur, enfin se serait épanché, eût lieu. Mais cette douceur lui était refusée, il lui fallait, avec énergie, porter seule le poids de cette oppression sentimentale.

Perrine se prit à glisser doucement autour de