Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle passa plusieurs heures, vers la fin du mois d’avril, avec Madame Louis d’Ailleboust de Coulonges. Celle-ci était très souffrante depuis quelques semaines. Ah ! quelle vive affection lui portait Perrine. En face de cette sympathie qu’elle éprouvait, il fallut vraiment toute la force d’âme de la jeune femme pour ne pas trahir le secret de l’amour qu’elle ressentait, si profondément envers son mari, et l’inquiétude et l’ennui qui dévoraient maintenant son cœur.

Durant la soirée de ce même jour, Charlot, qui venait de proposer une partie d’échecs à sa sœur, la regarda attentivement soudain. Il vint l’entourer de ses bras.

— Perrine, tu n’es pas souffrante ? Je te trouve bien pâle ; et quels yeux lointains, où il y a de la détresse aussi !

Perrine détourna la tête en soupirant.

— Je me sens un peu fatiguée. La vie à Ville-Marie possède un caractère tragique, dont je m’étais déshabituée à Québec.

— Tu regrettes Québec ?

— Non, mon frère. Rien ne peut assez compenser ta présence, crois-moi. Et nos chers petits que nous avons enfin réunis, quelle joie !

— Qui as-tu vu cet après-midi ?

— Madame d’Ailleboust de Coulonges.

— Elle va mieux ?