Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/23

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Perrine ramassa en soupirant la petite feuille. L’écriture de la chère morte fit monter des larmes à ses yeux. Elle en reconnaissait l’ampleur généreuse, la claire régularité. Mais que disait donc Madame de Cordé à Charlot ? Pourquoi avait-elle interrompu son message ? Elle n’avait pas voulu déchirer, ni même jeter cette missive inachevée ; cela était évident, puisqu’elle l’avait glissée en ce coin secret, très sûr, du vieux missel. Le cœur de Perrine se mit à battre fortement. Allait-elle remettre, sans la lire, la petite feuille sur laquelle ses doigts frémissaient ? Une sorte de pieuse discrétion envers la pensée de la morte le lui commandait. Et pourtant ? Cet âpre besoin de conseil et de direction suprême qu’elle ressentait, depuis trois semaines lui faisait rechercher sans cesse, en appeler à mille petits incidents sauveurs, qui rendraient moins lourde, moins angoissante, sa brûlante perplexité.