— Perrine, ma bien-aimée, il faut, tu m’entends, il faut que tu domines ta peine. Pour les petits de Charlot d’abord, car dès demain, ils auront besoin de toi. Puis, un peu pour moi, mon héroïque petite infirmière. Je ne suis pas encore vaillant… Ma chérie, Charlot te parlerait-il autrement que je ne le fais ?… Non ! ne t’éloigne pas encore… Je t’en prie ? Appuyé sur toi, je veux voir tout de suite Charlot… Le premier… de là-haut, hélas ! il doit nous voir ainsi… Ne l’a-t-il mérité ? Ne le désirait-il pas par-dessus tout ?
— Comme tu souffres, toi aussi,… André ! Cela te fera mal cette visite.
— Non ! Songe que je n’ai pu revoir Charlot vivant… répondit-il d’une voix rauque… en détournant son regard.
— Nos cœurs sont unis, à l’ombre de quelle douleur, André !
— Oui, mon aimée, mais ils s’enveloppent aussi de la bénédiction de ceux qui nous ont quittés, qui nous aiment dans une telle clarté révélatrice !… Puis, souvenons-nous que Charlot est mort, comme il le désirait. En héros du cœur et de l’action ! Il craignait tant de succomber à quelque maladie, fin moins digne, peut-être, de son courage, de sa courte existence