Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/30

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moment. Elle se sentait tout autre, maintenant. Les événements tragiques qu’elle traversait sans cesse rendaient son âme ferme, sans ces espoirs, irréalisables, hélas ! de la jeunesse. Peut-être, un peu de méfiance, tout instinctive, il est vrai, montait-elle, surprenait-elle parfois son cœur ? Il avait cru si fortement, un jour, en tous ses semblables, comme en une vie clémente, où la somme des joies l’emporterait certes sur les chagrins, les déceptions et les deuils.

Puis, Perrine devint vibrante. Elle rapprochait, les uns des autres, les conseils et les avis qu’elle avait reçus dernièrement. Les adjurations discrètes, mais combien ardentes de Charlot ; le langage de haute raison du Père Jérôme Lalemant ; le souvenir touchant de sa belle-sœur Lise, rappelé par le Père, ces paroles prononcées sur un lit de mort et qui l’avaient si violemment émue : « Songe, Charlot, au bonheur d’André, par Perrine »…

La jeune fille se leva toute droite, soudain. Son geste semblait un dernier effort pour repousser une solution qui viendrait si complètement bouleverser sa vie, lui donner un sens qu’elle n’avait jamais désiré depuis… depuis la mort de Jean, cette fin de la glorieuse idylle de ses vingt ans, si tragiquement survenue un jour de mai orageux.

André de Senancourt allait revenir, demain, peut-être ? Il n’avait pas varié, quant à ses sen-