Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/69

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des tons de cire. Il s’immobilisait pour de longues heures.

Vers neuf heures, Perrine entrait. Elle échangeait un regard reconnaissant avec André de Senancourt, puis écoutait, les yeux baissés, les nouvelles que lui rapportait le jeune homme. Elle ne pouvait voir l’expression à la fois mélancolique et désespérée avec laquelle celui-ci la contemplait. Il y avait un appel vers son cœur, qui demeurait chaque fois sans réponse. « Quelle étrange jeune fille », se disait André de Senancourt. « Si proche et si lointaine ! la fois glacée et brûlante ! Comment réveiller ce cœur, qui s’ignore sans doute ? Oh ! que n’ai-je l’audace, la grâce irrésistible de son frère Charlot auprès des femmes qui l’entourent. Il est celui qu’on aime… infailliblement !… et moi celui qui aime sans être, hélas ! payé de retour. En sera-t-il ainsi jusqu’à la fin ? Quelle misère ! Quel jeu torturant !… Mon métier de soldat m’apporte du moins l’espoir de voir ma stupide existence se terminer un jour ou l’autre… Je ne laisserai pas de regrets… »

La convalescence s’affirma en son temps. Le jeune homme renaissait, malgré lui, on eût dit. Et c’est à peine s’il laissait à André le temps d’accomplir son devoir d’officier auprès du gouverneur de la Nouvelle-France, car sa pré-