Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Votre mariage avec André de Senancourt ? Je crois en effet que ce serait une conclusion excellente pour tous.

— Mais moi, Père, moi ?

— Avez-vous donc de l’antipathie pour le beau-frère de votre frère ? Ce serait grave, si cela était, en effet.

— Non. Je dois être franche.

— Alors ?

— Il m’est indifférent… Je n’avais jamais fait entrer le mariage en mes visions d’avenir… Prendre soin de mon frère, de ses enfants, me rend assez heureuse pour ne rien désirer d’autre. Je vous le déclare en toute sincérité. Pourquoi, oh ! pourquoi me demander… ce… ce sacrifice !

Et Perrine, soudain, cacha sa figure entre ses mains. Un sanglot se fit entendre.

— Ma pauvre enfant. Je ne vous comprends plus. Je ne croyais pas votre sensibilité aussi… aussi frémissante. Est-ce qu’elle va prendre le pas sur votre raison, sur ce que nous admirons et apprécions tant en vous. Essayez de dominer ce trouble passager. Dites-moi, par exemple, si une autre se trouvait dans la même situation que vous, que lui donneriez-vous comme conseil ? Essayez de voir les choses sous un angle impersonnel. Ne vous cabrez pas ainsi… La sérénité vous est si naturelle.

— Jugez cette cause, qui est ma cause, comme si elle était celle d’une autre, dit bien bas Perrine. Puis, relevant la tête, elle demanda,