Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/108

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Le jeune étranger, — dans lequel tous ont reconnu Jean, le chevalier des gnomes, — dégaina rapidement. D’un geste de son épée, il fit reculer les laquais, point très braves déjà. Baissant la pointe de son arme, il s’approcha ensuite, chapeau bas, de la voiture royale. Il s’inclina devant la reine.

« Votre Majesté commande seule ici, précisa-t-il. Lui plaît-il que je livre ce combat singulier avec ses serviteurs ?… Ou bien désire-t-elle que deux gentilshommes croisent le fer avec plus de dignité l’un envers l’autre ?

— Ah ! ah ! Rochelure, répliqua la reine que la crânerie de Jean amusait et flattait, m’est avis que vous voilà battu… et sans armes. Beau cousin, je ne puis vous approuver cette fois. »

Le seigneur de Rochelure se mordit les lèvres. Il reprit la parole en haussant les épaules.

« Moi, battu !… Bah ! Votre Majesté n’en croit rien !… Appelle-t-elle gentilhomme cet importun, ce bolide, ce jeune fou rageur et incivil ?

Les yeux de Jean eurent un éclair menaçant. Sa main se crispa sur son épée. Il avança de quelques pas.

Une voix douce monta près de lui. Elle le fil tressaillir. Jean se retourna vivement. La princesse Aube, qui avait quitté la voiture pour échanger quelques mots avec l’aveugle et sa sœur, levait vers lui son regard suppliant.

« Seigneur, je vous en prie, éloignez-vous…