Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/124

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d’or de l’enveloppe. Elle avait là, certes, de quoi subsister pour longtemps. Paule, voyez-vous, était une excellente petite ménagère et sa prévoyance était extrême. Comme sa reconnaissance, du reste, qui lui faisait ignorer de plus en plus Jean et ses mystérieux agissements.

Sans s’expliquer autrement, le jeune homme s’enfuit donc vers la ville. Il l’atteignit après une heure de marche qu’il employa à s’habituer à son nouveau rôle. Il entra dans la première hôtellerie qu’il aperçut. La faim le tenaillait. Avisant un angle sombre de la salle, il s’attabla. Tout en s’épongeant le front, ses yeux, sous ses lunettes, prenaient connaissance de tout. Il sursauta soudain. Trois serviteurs portant la livrée royale pénétraient dans la pièce et venaient s’installer à la table voisine de la sienne. Jean retrouvait dans l’un d’eux le laquais qu’il avait fustigé de si bon cœur, l’assaillant de la bonne petite Paule et de son frère. Que résulterait-il de cette rencontre ? Il s’agissait, en tout cas, d’en tirer parti.

Jean sortit de sa poche un calepin et se mit à crayonner et à aligner des chiffres. Il s’interrompit de temps à temps pour rire d’un air niais et satisfait. Il paraissait indifférent à tout ce qui se passait. Mais ses oreilles s’ouvraient grandes, allez, pour ne rien perdre de la conversation qui se tenait entre ses voisins.

« Allons, allons, disait l’un d’eux, qui était grand, mince et sévère, prends-en ton parti, Louis, tu ne retrouveras jamais ton bouillant seigneur au fouet. Digère ta raclée, vieux. Passe ton humeur, plutôt, sur la vicieuse petite bête que tu montais ce matin.

— Oui, reprit le second serviteur du roi, tout gras, rose et riant, à quoi bon verdir ou jaunir comme tu le