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Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/129

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Un éclair ironique traversa les yeux de Jean. Il baissa la tête. Puis tout à coup, le comique de la situation provoqua son hilarité ! Il fut pris d’un rire fou, irrésistible, spasmodique. Ses interlocuteurs le partagèrent bientôt malgré eux.

Enfin Jean recouvra la parole et le calme.

« Mes beaux laquais, vous admirez ma gaieté, mais voyez-vous ce que vous me demandez là, ça m’est aussi facile que de respirer. Si j’essayais mon talent de fouetteur sur la peau d’un d’entre vous ? Ça vous rassurerait tout de suite, allez. Si je sais fouetter, dites-vous ? Ah ! ah ! ah !

— Écoute, receveur, dit le serviteur fustigé qui fronçait les sourcils, si tu entends faire de l’esprit à nos dépens, je te noie comme un chat dans la rivière voisine. »

Jean prit un air contrit. « Je voulais vous être agréable, messire, et dire toute la vérité. C’est que vous savez, jamais on oublie mes corrections.

— C’est bon, c’est bon. Et maintenant, voici ce que je compte faire de toi. Tu vas suivre mes compagnons au palais du roi, puis chez le seigneur de Rochelure. On lui dira que tu dois me remplacer demain et les jours suivants dans ma tâche auprès des bûcherons de la forêt. Rochelure, cette fripouille, qui a l’honneur d’être mon maître, me doit assez de faveurs pour accepter cet échange de receveur. Car je suis receveur moi aussi, receveur pour le compte du roi, par exemple.

— Pour celui de Rochelure, plutôt, Louis. Et on obtient de petits bénéfices en marge, n’est-ce pas ?

— Jaloux, mon Colas ?

— Non, car tu le paieras cher un jour. Le règne de Rochelure peut prendre fin soudainement. Et puis ces bûcherons que tu martyrises et voles… c’est de la sale besogne, ça.

— Peuh ! Tu as l’âme trop sensible. Le métier de receveur ne te va pas. Pas vrai, canaille ? » continua-t-il, en se retournant vers Jean ?