Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/147

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sitôt de lui un piteux personnage.

La princesse s’appuyait de nouveau sur l’orme néfaste. Elle le regardait, pensive… Jean s’approchait et s’agenouilla devant elle.

« Adieu, princesse, dit-il. Merci du fond du cœur des soins dont vous m’avez entouré et dont j’étais si fort indigne. Mais… et la voix de Jean se fit suppliante, soyez bonne, tout à fait bonne une dernière fois… Laissez-moi conserver l’écharpe de neige qui enveloppe en ce moment mon front meurtri… Elle me rappellera votre royale et exquise condescendance ! Puis, princesse, indiquez-moi, une petite porte où je puisse m’enfuir à l’instant. Il vaut mieux, je vous assure que personne ne me rencontre ici. Ne m’en voulez pas du mystère dont je m’entoure… Un jour, ô jour bienheureux, vous saurez tout !… Oui, tout, princesse adorée de… de tous les cœurs ! » Et Jean, se baissant, saisit le bord soyeux de la robe de la belle Aube, et y posa ses lèvres.

La princesse recula, délicieusement timide ; puis, d’un geste gracieux, elle indiqua à Jean, tout près d’eux, une ouverture habilement pratiquée dans le feuillage.

Quelques secondes plus tard, le jeune homme marchait à grands pas sur une route déserte. Il s’orienta peu à peu. Le crépuscule descendait lorsqu’il frappa, haletant, le corps brisé, mais le cœur ébloui, à la petite maison où l’espéraient sans cesse, Marc et Paule, ses fidèles et discrets amis.