Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/150

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voyant personnage pourtant, n’avait même pas eu, en causant avec lui, le moindre soupçon sur son identité véritable.

Il se leva. Se décidant, il glissa les précieux objets dans un tiroir du bahut. Cela valait mieux. Aucun risque ne devait être couru. Maintenant, il lui fallait appeler Paule et la charger de veiller sur ces trésors.

Il se pencha à la fenêtre. Apercevant la jeune fille, occupée au jardin à la cueillette des fruits, il l’observa un moment, admirant la grâce preste et fine de chacun de ses gestes. En amoureux fervent, sous l’empire d’une unique hantise, il se figura aussitôt voir Aube, sa petite princesse bien-aimée. Elle allait, légère et lumineuse, dans ce cadre matinal, d’une fraîcheur souriante. Quel tableautin il avait là !

Mais Paule, qui n’avait pas les mêmes raisons que Jean de s’engourdir dans un rêve fleuri, se retourna soudain, fleurs et fruits dans les bras. Elle le vit. Elle salua. Bien vite, elle comprit, à un signe mystérieux du jeune homme, qu’il désirait lui parler en particulier. Elle monta et vint frapper sans bruit à sa porte.

« Dites, Paule, demanda tout de suite, Jean, votre frère n’est pas installé quelque part sous mes fenêtres ?… Fermez bien cette porte, en tous cas ?

— Seigneur, je n’ai pas encore aperçu Marc, ce matin.

— Bien. Ma chère petite amie, j’ai une suprême recommandation à vous faire, à vous seule… Votre frère, vous le savez, prend toujours trop sérieusement mes moindres désirs ! Il m’effraie parfois.

— Il se jetterait au feu pour vous, cher seigneur. Sa reconnaissance est touchante, je vous assure. Si vous l’entendiez ?