Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/189

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plainte sourde, Jean vit la princesse se renverser en arrière. Elle défaillait.

Un peu de tumulte suivit. Deux dames d’honneur, entrées depuis quelques instants dans la salle, accoururent. Le vieil officier, demeuré en faction auprès de la princesse, apporta aussi son concours. Le roi cacha mal son anxiété sous un silence et une immobilité très dignes. On s’empressa de quitter la pièce en soutenant le douloureuse petite Aube, dont personne ne s’expliquait bien le subit émoi. Seul Rochelure, qui suivait, le front contrarié, les mouvements de la princesse, et Jean, qui tout bas en gémissait, auraient pu faire connaître la cause de ce profond chagrin.

Avec un soupir, le roi se leva. « Que tout cela est lamentable, murmura-t-il, à mi-voix. » Puis raffermissant son attitude : « Messeigneurs, je regrette que ce bal, commandé pour votre amusement, ait une fin aussi tragique. Des fiançailles remises, une condamnation à mort, qui se signera peut-être… voilà ce qui va clore la fête… Préfet, ajouta-t-il, je dis à dessein, « qui se signera peut-être »… car voici ma décision : je préfère remettre l’exécution du coupable à demain, au coucher fin soleil. D’ici là, vous voudrez bien laisser seul, quoique gardé, le prisonnier. Il sera libre, — vous lui fournirez à cet effet les objets nécessaires, — d’écrire ce qu’il jugera bon pour sa justification. Ce document me sera remis cacheté et scellé. Je permets aussi au seigneur de Rochelure de réclamer, s’il prouve ses droits, ce dont je resterai juge en dernier ressort, les divers objets dont il se dit privé… Mais on ne les saisira sur la personne du prévenu qu’après sa mort, que cela soit bien entendu… Préfet, je reconnais, en tout ceci, avoir usurpé vos fonctions. Vous voudrez bien inclure dans votre procès-verbal que cette irrégularité ne constitue pas un précédent. Je puis me tromper, certes, mais ma vigilance, comme souverain, s’éveille