Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/194

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a qu’une chose qui ne te sera pas permise auprès d’elle, c’est l’explication de ta conduite, ou passée, ou présente, ou future. Tu seras au secret absolu. C’est cela, la douloureuse condition, sache-le, que notre roi vient d’accepter en ton nom. Il a fallu céder quelque chose aux exigences de la reine des fées et de sa sujette Envie. Toutes deux, d’ailleurs, s’amusent déjà de ta défaite… « assurée », réclament-elle.

— Et si en effet, cela arrivait ? fit Jean, très pâle.

— Tout s’accomplirait alors selon les désirs de la fée Envie. La princesse serait rendue à son père et tous deux retomberaient sous le joug de ces deux êtres pervers : la reine Épine et le seigneur de Rochelure. Quant à toi, tu devines bien qu’au plus prochain coucher de soleil, on te logerait des balles plein ton vaillant cœur. Comment ne pas se venger d’un fier enfant qui a osé tenir en échec fées et génies !

— Et qui les tiendra tel jusqu’à son dernier soupir, maître, répliqua Jean avec fermeté ! Eh bien, oui, avec votre aide, j’accepte l’épreuve… si pénible soit-elle ! Je m’efforcerai de tenir la promesse qu’a daigné faire en mon nom, votre tendre souverain. Maintenant, mes maîtres, que dois-je faire ?

— Seulement te laisser conduire, dans une de nos civières, les yeux bandés et dissimulé sous un large manteau, à l’endroit où l’on retient la princesse captive. Oh ! le trajet ne sera pas long. Dans une heure, nous te déposerons en face du palais de la fée Envie. Mais auparavant nous allons t’offrir quelques cadeaux et t’en expliquer l’usage. Chacun de nous te donnera ensuite une accolade suprême car que tu reviennes vainqueur ou vaincu, nous ne te reverrons plus. Nous te voyons pour la dernière fois, mon enfant ! »