les joncs. Il se leva. Il marcha un peu. Devant lui, paisible et lourd, miroitait le grand lac qui avoisinait sa ville. Le palais royal resplendissait au fond du paysage. À ses côtés, son cheval broutait l’herbe. Et, tout près, dormant heureux et sans inquiétude, il vit son page, son page timide et grave. Grolo passa à plusieurs reprises la main sur ses yeux. « Ah ! ça !… s’écria-t-il, que veut dire cette étrange aventure ? Ai-je fait, oui ou non, un voyage au pays des bûcherons ?… Ho ! là, bel endormi, gronda-t-il, en s’approchant du page, levez-vous. »
Le jeune homme se trouva aussitôt debout, frais, dispos, les yeux à terre, très intimidé. Songez, le roi avait dû l’éveiller. Il s’inclina avec respect devant Grolo. « Partons-nous, sire ? » demanda-t-il. Grolo saisit avec violence le bras du page et, les sens étincelants, la bouche frémissante, il siffla à son oreille : « M’expliquerez-vous votre conduite, petit indocile ?… Pourquoi m’avez-vous quitté durant trois jours ?… » Mais il se détournait bientôt, confus, sans courage, l’attitude lasse. L’air ahuri puis épouvanté du page ne prouvait que trop