Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/211

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gues années à ne plus pouvoir tourmenter les pauvres humains.

Comme nous te sommes reconnaissants, aussi, du bien qui arrive, par ton entremise, à notre ami Grolo, et à sa charmante enfant. J’espère qu’ils sauront t’en récompenser dignement

Adieu, Jean, notre chevalier, si gracieux et si brave. Reçois ce dernier et suprême avis : « Crains mille fois plus la prospérité que l’adversité. Et afin que l’adulation n’aveugle pas ton esprit ; que ta volonté, sans cesse satisfaite, ne devienne fantasque et dure ; que l’orgueil n’abuse ou n’alourdisse pas la fierté de ton âme ; choisis-toi, un conseiller. Qu’il soit franc, lucide, sans ambition, impitoyable pour flageller, non tes maladresses, mais tes fautes. Et aime-le, ce conseiller, plus que toi-même, mon petit, oh ! oui plus que toi-même. Ne t’en sépare jamais, tu m’entends ? Ô gentille âme impétueuse, mais pleine de droiture et de générosité, sois docile, n’est-ce pas, à cet avis ? Ton bonheur et celui de tant d’autres en dépendront. Accepte de nous un dernier cadeau. Tu sais que les trésors que renferme le sein de la terre, l’or, l’argent, l’utile houille, tant d’autres choses encore, sont confiés à notre garde. Nous t’en offrons une part. Une bourse de cuir, placée dans la poche de ta mante bleu-de-roi, se remplira, à ta volonté, d’or, d’argent, de pierres précieuses, de morceaux de marbre ou de quelque bon combustible, — ces deux derniers objets, sont susceptibles de se multiplier prodigieusement, pour peu que tu saches les déposer en un lieu propice.

Au nom de mes sujets, ô Jean, notre fier chevalier, je baise ton front sans crainte. Puisse-t-il demeurer toujours sans reproche ! »

BLANCHEBARBE XVIII,
Roi de tous les gnomes terrestres.