Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/24

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ble distance, l’orme prodigieux qui gisait lamentablement.

« Tu as donc réussi à renverser l’arbre invincible, Jean ?… Comme tu es fort !… Comme tu es adroit !… Et tu n’as pas quinze ans ?

— Crois-tu, mon petit ? Demain, entends-tu, demain, je les aurai. N’est-ce pas magnifique ?… Oui, cet orme m’a donné du mal et je suis content de ma victoire. Que de bûches énormes, hein, nous aurons pour Noël !

L’infirme hocha gravement la tête. « C’est bien loin, Noël encore !… » murmura-t-il.

« Dis donc, Blaise. — et Jean s’interrompit un moment pour mordre à belles dents dans un morceau de pâté aux fruits qui avait suivi le pain, les œufs durs, les radis, le maïs grillé, le cidre. — dis donc, que faisait notre mère à ton départ ? Pleurait-elle ?

— Hélas ! oui. Et depuis huit jours qu’il en est ainsi. Qu’a-t-elle, mais qu’a-t-elle donc, Jean ? Cela est navrant pour nous. Si elle nous apprenait la cause de ces larmes, cela la soulagerait, il me semble. Mais père et elle refusent de répondre à toutes nos questions. Il faut attendre l’heure marquée pour la révélation, paraît-il.

Tout cela est fort bizarre. Mais nos parents sont sages, attendons qu’ils se décident à parler.

Et Jean, paresseusement, s’allongea aux côtés de son frère. « J’ai bien mérité une heure de repos », expliqua-t-il.

Jean, dit soudain l’infirme, j’ai un gros pressentiment. Il me trouble depuis quelque temps.