Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/3

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Tante Élise est au jardin. Elle garde quelques-uns des petits. Il y a là Michel, un gosse un peu lourd, rose et rieur, Denise et son inséparable poupée Mignonnette, Luce, Pierrot, Claire. Jacqueline, poucette frondeuse aux ravissantes boucles blondes, et enfin, Jean, l’aimable petit Jean aux six ans malicieux et câlins.

À son ordinaire, tante Élise vient de céder au désir de son petit monde qu’elle adore, et qui se montre, enfin, las de s’agiter dans la chaleur : elle commencera le récit d’une histoire merveilleuse, « plus merveilleuse que jamais, jamais, jamais », a-t-elle dû promettre. On s’est gentiment tassé sous un orme, et, déjà, les yeux noirs ou azurs se lèvent, les bouches roses et friandes s’entr’ouvrent, remplis d’un grand émoi candide.

« Il y avait une fois »… débute naturellement la tante. Ah !… elle s’interrompt. Elle semble soucieuse. C’est qu’elle a une âme délicate, voire un peu scrupuleuse, la chère conteuse. Elle croit bon, tout d’abord, de faire quelques réserves. Les contes de fées, voyez-vous, avec leur prestige aimable et doré, si puissant sur les imaginations enfantines, ont une étrange morale, parfois.

« Écoutez-moi bien, mes chéris, prononce gravement tante Élise, si je consens à faire défiler devant vous le monde des fées, des géants, des bons et des mauvais génies, des farfadets, des palais enchantés, c’est à la condition que vous n’en rêviez pas, oh ! mais pas du tout, mais que vous vous disiez, au contraire : Eh ! le merveilleux en tout cela, je le comprends maintenant, c’est d’avoir comme le petit héros de tante Élise, une tête bien d’aplomb, un cœur généreux, des mains actives, un caractère résolu, une conscience droite, beaucoup de belle humeur… Et n’aurez-vous pas bientôt ces qualités, conclut en souriant tante Élise, si vous écoutez les conseils de vos mamans, et ceux de